Nouvelles du Niger, la vie dans le village
Bonjour tout le monde!
De retour aux nouvelles en cette période de relative fraicheur, je me remets au mail... Après quelques mois d'hibernation et péripéties je me propose de vous faire part, si vous le souhaitez, de mes quelques petites expériences sub-sahariennes... Oh point d'inquiétude, je ne m'étendrai pas en un long mail grandiloquent, votre serviteur va résumer tout ça en quelques lignes même si, pour être exhaustif, je pourrai vous envoyer un roman... mais bon si chacun devait écrire son roman, on aurait plus trop de temps pour faire vivre le contenu du sien, donc je ne m'étendrai guère!
Sachez tout d'abord, mais vous le savez déjà, que je vous aime toujours beaucoup! j'espère d'ailleurs recevoir de vos fraiches nouvelles très régulièrement, même si la réponse mettra peut-être du temps à venir mais tout ça est indépendant de ma (mauvaise) volonté...
Alors la première info que je peux vous donner car elle vaut son pesant de cacahuètes (d'arachides) est que j'ai officiellement mon permis de conduire... Il a fallu attendre que mes chers parents viennent me rendre visite pour que je m'y résoude enfin. C'est bien entendu par un excès d'égo que je l'ai passé, je n'imaginais pas une seconde que mon chère papounet me conduise partout sur les routes du Niger alors que c'est moi qui y habite... J'ai pris les pédales à deux pieds et en 5 jours, pas un de plus, j'ai passé le code et le pratique. Mes parents, toujours en pleine confiance en leur grand fiston, ont accepté de se faire véhiculé par le tout jeune débutant que j'étais et, grace à Allah, tout c'est bien passé!
A part cette information de "première importance", je continue à déambuler sur les routes du Niger et dans les villages afin d'essayer autant que possible de rendre les radios autonomes... Je vous propose d'ailleurs une petite tranche de vie dans le village de Gabi au Niger et puis je vous saluerai bien bas et vous souhaiterai tout le bonheur du monde, mais nous n'y sommes pas encore...
102.00 fm... c'est la fréquence de la plus valeureuse des radios du monde. Arrivée à 25km du village, on commence à entendre davantage la musique que le crachotement dans le haut parleur. C'est la radio de Gabi. C'est parti pour 25km de piste à vous bousiller la colonne vertebrale. 25km de brousse, c'est-à-dire de la piste rouge, du sable, et les restes des champs de mil qui commencent à faire office de paturage pour le bétail des éleveurs nomades. Il fait toujours chaud 35-40° en ce 20 novembre de l'année 2007.
C'est le moment de la petite pensée émue pour ceux qui subissent la grisaille et les pluis verglassantes...
Voilà, je me suis arrêté d'écrire 10 secondes pour penser à vous... je reprends...
Donc, le son de la radio de Gabi est de plus en plus audible au fur et à mesure qu'on se rapproche de la source. Difficile de savoir où en est le débat puisque tout se fait en langue locale, le Haoussa. Mais signe positif, la radio émet donc pas de souci technique majeur, votre serviteur est d'ores et déjà rassuré. Puis après l'entassement de trois vertebres, nous arrivons à destination. Les 7 animateurs sont là, bon pied bon oeil, évidemment, j'ai une heure trente de retard, on se refait pas. Ils n'ont pas l'air de m'en tenir rigueur. Hop hop hop, c'est parti, les bagages dans la case de passage du village et rendez-vous dans les locaux de la radio pour la formation: les méthodes participatives... beau programme, je suis sur que vous êtes envieux et jaloux... Les méthodes participatives c'est tout ce qui concerne l'implication des auditeurs dans la radio, entendez par là, le débat, le théâtre radio et les jeux radiophoniques... Un beau programme, on commence par la prière de remerciement à dieu car je suis bien arrivé (merci à Lui) et on Lui demande bien évidemment que la formation se passe bien, si j'ai le soutien de Allah, je ne stresse pas trop, c'est un soutien de poids ici au niger! Bref, sous Son haut patronnage et après une présentation officielle des participants nous nous mettons au travail. Formation bilingue français-haoussa, ainsi tout le monde se comprend. Et c'est parti pour les exercices pratiques: théâtre, débat... Plein de joie, d'humour et de bonne humeur... le temps passe vite, les animateurs sont ravis, moi aussi. Tout va bien dans le meilleur des mondes... "Excepté" peut être l'arrivée du repas... La ça se complique un peu: de la pate avec sauce gluante... Le matin... Le midi... et le soir... Au bout de 4 jours et par pure nécessité de tenir debout, il faut avaler cette pate avec quelques hauts le coeur, pas que ce soit vraiment mauvais, mais quand vous êtes déjà à votre 12ème plat identique l'estomac se montre plus capricieux. Attention la pate ne signifie pas "des pates", la pate c'est une espèce de boule de mil d'aspect gélatineux avec une sauce. Bref, c'est pas excellent mais ça nourrit son homme...
Je vais essayer de plus synthétiser car sinon vous allez vraiment trouver ça chiant...
Donc la journée se termine toujours avec la prière à Allah pour remercier de l'état d'avancement de la formation... Merci à Lui et à 16h30 c'est fini... Et là, c'est la question existentielle, il est 16h30, la nuit arrive à 18h30, personne ne parle français et pas d'électricité... D'où l'angoisse, à part s'en remettre à Allah pendant des heures, il faut profiter de la lumière pour lire deux heures, c'est déjà ça de gagner et après ça se gatte... plus rien à faire, pas de lumière, pas de communication... et bien c'est la médiation en dessous du ciel étoilé ou de temps en temps une FETE très saine sans alcool... genre un baptême... Imaginez les copains, un village sans électricité avec comme seule source d'énergie un petit générateur, une petite ampoule sur la place et un groupe de musique traditionnelle... et bien c'est l'ambiance de feu, je vous jure! 250 personnes en train de danser en rond autour de l'orchestre chaud comme la braise. Et là..., que voulez-vous, dans cette zone enclavée, j'étais évidemment le seul blanc invité à la fête et dans chaque fête il y a un bouffon... je vous laisse deviner la suite... Le Carette au milieu du cercle avec une grande tunique et un grand chapeau amusant la galerie pendant une heure, heureusement aucun appareil photo ni aucune caméra n'était autorisé... Pendant une heure, j'étais le bouffon. La fête sans alcool dure jusque 4 heure du matin... Il est grand temps d'aller se coucher, on me reconduit sur une magnifique moto chinoise trafiquée avec 200000km au compteur... Douce nuit, sainte nuit, dans 3 heures on remercie Dieu pour cette journée qui commence et on le prie pour que cette nouvelle journée de formation soit encore plus attrayante que la veille... Pari difficile, j'entends encore le rythme du groupe de musique de la veille dans les tympans, aujourd'hui l'accent va être mis sur le travail en petits groupes... Ce n'est pas une mauvaise idée...
Ce fut un mail finalement très voire trop long, j'essaierai de faire plus court la prochaine fois.
Comme promis... Je vous salue bien bas et vous souhaite tout le bonheur du monde...
Votre dévoué,
Ax